ANAÏS QUEMENER : 5 JOURS, 5 MARATHONS

ANAÏS QUEMENER : 5 JOURS, 5 MARATHONS


Anaïs Quemener est une athlète française spécialisée dans les courses de fond, notamment le marathon, discipline dans laquelle elle a été plusieurs fois sacrée championne de France.

Parallèlement à sa carrière sportive, Anaïs exerce la profession d’aide-soignante de nuit. Son parcours est marqué par une remarquable histoire de résilience : en 2015, à 24 ans, elle a été diagnostiquée avec un cancer du sein très agressif. Après une longue période de traitements, incluant chimiothérapie et immunothérapie, elle est parvenue à reprendre la compétition en 2016 et a remporté, cette même année, le championnat de France de marathon. Son retour sur les pistes est considéré comme un symbole de courage et de force face à l’adversité.

Anaïs Quemener a continué à progresser, battant son record personnel au marathon de Berlin en septembre 2023 avec un temps de 2h 29min 01s, ce qui fait d’elle la 7e meilleure performeuse française sur la distance.
Mais son engagement va bien au-delà de la compétition : elle soutient des projets associant sport et santé, notamment pour accompagner les femmes atteintes du cancer du sein, partageant son expérience pour inspirer et soutenir celles et ceux confrontés à la maladie.

Récemment devenue maman il y a maintenant cinq mois, Anaïs est déjà de retour sur les courses et figure en haut des classements. Après une première place au marathon de Chantilly, nous recueillons aujourd’hui son retour sur le Bretzel Ultra Tri, où elle a couru cinq marathons en cinq jours.

Vous l’aurez compris, Anaïs Quemener est une marathonienne d’élite, une aide-soignante et une jeune maman dévouée, figure inspirante de résilience, qui allie performances sportives et engagement personnel avec une énergie remarquable. Nous sommes fiers de la compter parmi nos athlètes et nous vous invitons à en découvrir davantage sur elle, grâce à ce retour sur son incroyable quintuple marathon !


Comment se passe ta reprise depuis ton accouchement ?

Ça s’est très bien passé, car je n’ai pas brûlé les étapes. J’ai vraiment été bien accompagnée par des professionnelles de santé : kiné, sage-femme. J’ai pu reprendre dans les règles, en prenant mon temps et en étant à l’écoute de mon corps. Au début, c’est vrai que ce n’était pas toujours très agréable. J’avais quelques lourdeurs au niveau du ventre et je sentais que je ne pouvais pas exploiter mes capacités à 100%, ce qui est tout à fait normal. Mais au fil des sorties, j’ai vraiment ressenti une évolution positive. J’ai été à l’écoute de mon corps : quand ça allait bien, je m’entraînais, et quand ça allait moins bien, je ne forçais pas. J’ai fait en sorte que cette reprise se passe au mieux, et franchement, ça s’est super bien passé. Je retrouve de bonnes sensations comme avant, donc je suis contente.

 

D’où te viens l’idée de courir 5 marathons et pourquoi ?

Je me suis inscrite lorsque j’étais enceinte : c’est un petit défi qu’on s’est lancé avec mon chéri. Lui, il a fait son double Ironman là-bas. On s’est demandé ce qu’on pouvait faire d’un peu différent de ce que je fais d’habitude, et on a trouvé ce format de course assez original. C’était un petit challenge qui nous faisait sortir de notre zone de confort. Ce n’est pas un format que j’ai l’habitude de faire, ni mon chéri, donc il n’y avait pas de possibilité de comparaison. En tant que jeunes parents, pour une reprise, on y est vraiment allés sans pression, et le but était vraiment de passer un bon moment en famille.

 

Comment te sens-tu physiquement et mentalement après avoir terminé ces cinq marathons ?

Je me sens bien et plutôt rassurée. C’est vrai que j’ai trouvé que c’était un véritable challenge mental, en fait. Les deux premiers jours, j’ai vraiment souffert sous les 36 degrés. Le premier marathon m’a vraiment mise à plat et, mentalement, pour commencer, ce n’était pas évident : je me demandais comment j’allais être capable d’enchaîner quatre autres marathons alors que j’étais déjà bien fatiguée rien qu’au premier. Et, étonnamment, plus le temps passait, mieux je me sentais : les jambes répondaient mieux, etc. Donc, les suivants se sont mieux déroulés. Et j’ai vraiment pris du plaisir ! La récupération se passe bien, je suis de retour.

Même si j’avoue avoir pris un petit coup au moral quand Bastien a fini son double Ironman. J’étais tellement contente pour lui qu’il y soit arrivé ! On était tous les deux dans ce défi qu’on s’était lancé, et on surmontait un peu indirectement les épreuves ensemble. Alors, quand il est arrivé, la pression est retombée : j’étais très heureuse pour lui, mais du coup, je me suis sentie un peu seule. Ce qui fait que, pour reprendre le départ de mon cinquième et dernier marathon, j’avais perdu un peu de motivation et j’avais moins d’énergie.

Heureusement, le marathon s’est vraiment bien passé : il y avait une super ambiance et ça m’a aidée à me motiver pour finir ce cinquième marathon. Je suis quand même contente d’avoir enfin franchi cette ligne d’arrivée !

 

Sur le parcours, comment gères-tu ton hydratation et ton alimentation pour tenir sur la durée ?

Alors, sur le parcours, il n’y avait vraiment pas le choix : il fallait manger. J’ai donc mis l’accent sur ma stratégie nutritionnelle pour rester au mieux alimenté. Je suis parti avec un bon stock de gels. En général, je prends mes cinq gels sur marathon, ainsi qu’une boisson isotonique. Après chaque course, je prends également une boisson de récupération.


Comment gères-tu la récupération dans un laps de temps si court pour repartir de plus belle marathon après marathon ?

Alors, pour aider à la récupération, j’allais me tremper les jambes dans la rivière pour faire de petites séances de cryothérapie naturelle, faites maison ! Je faisais aussi des séances de pressothérapie et j’essayais de faire ça environ 30 minutes après chaque course. C’est vrai que niveaux sommeil, mes nuits dépendaient d’Elyo, mais je dormais quand même relativement bien. Ce sont principalement les deux premiers jours de marathon qui sont vraiment difficiles, et une fois que la machine est lancée, ça va mieux. J’ai été étonné de voir ce que le corps est capable de faire et de récupérer ainsi pour enchaîner cinq marathons. 

 

Qu’est-ce qui t’a le plus surprise sur toi-même ou sur la course jusqu’à présent ?

La résistance du corps ! Franchement, on sait à quel point on peut être à bout après 30 ou 40 km sur des courses. Et là, j’ai été étonné d’être capable d’enchaîner cinq marathons comme ça. Si on m’avait dit que cela se passerait ainsi, je ne l’aurais pas cru. Le fait que, du premier au dernier jour, je n’aie fait qu’accélérer m’a vraiment surpris.

 

Ce genre de format boucle de 1,3km  change pas mal comparé à un marathon classique, as-tu apprécié ?

Alors, c’était la difficulté de ce parcours. Courir sur une boucle d’1,3 km, ce n’est pas quelque chose dont j’ai l’habitude. Après, nous étions plusieurs coureurs, avec différentes courses confondues, donc ce n’était pas si lassant que ça : on n’est jamais vraiment seul, on voit du monde tout le temps. Puis, ça me permettait aussi de calculer mon ravitaillement par rapport au nombre de tours : dans trois tours, je prends un gel, dans cinq tours, je bois, etc.

Et puis, à chaque tour, je voyais ma famille, donc ça aussi c’était franchement cool. Je voyais Elyo, mon papa, ma belle-mère avec le chien, etc., pendant tout le marathon. Chose que je n’ai pas lorsque je pars sur des marathons classiques où, là, je suis vraiment seul pendant l’effort. J’ai vraiment eu la sensation de faire ça en famille, et c’est aussi ce qui a rendu ce marathon particulièrement sympa !

 

Es-tu suivi par un coach sportif, mental ou par un nutritionniste ?

Mon coach principal est mon père ! Depuis toute petite, c’est lui qui planifie tous mes entraînements et me coach tout au long de l’année. À part mon kiné, qui m’accompagne sur le plan de la prévention des blessures, de la récupération, etc., je n’ai personne d’autre !

 

Depuis que tu as accouché, as-tu appris à gérer ton effort différemment ? Comment s’articule désormais ta semaine d’entraînement ?

Depuis que j’ai Elyo, je vais au travail en courant, ce qui me permet d’ajouter 10 km à mon volume hebdomadaire. J’optimise ainsi mon temps d’entraînement et, une fois rentrée à la maison, je peux pleinement profiter d’Elyo.

En général, je fais un footing le lundi, le mercredi et le vendredi.
Le mardi, le jeudi et le dimanche sont consacrés à des séances spécifiques et au renforcement musculaire.
Je parcours au maximum 130 km par semaine, mais on s’adapte avec le bébé !

 

Avoir fait ces 5 marathons en 5 jours, ça t’a donné envie de tenter des distances plus longues ?

Je préfère les distances comme le 10 km, le semi-marathon ou le marathon, mais pas au-delà. J’aime bien faire du volume, mais je n’aime pas la très longue distance. Peut-être qu’un championnat sur 50 km pourrait me plaire, mais les entraînements pour l’ultra ne m’attirent pas autant que ceux pour le marathon.

Quel est ton prochain objectif ?

Dans un mois, j’ai mon marathon à La Réunion. En septembre, je fais Paris-Versailles, ainsi que les championnats d’Île-de-France de 5 km avec mon club qui les organise. En octobre, je participerai aux 20 km de Paris, puis je m’entraînerai pour le marathon de Valence.

Dommage, je n’ai pas trouvé un autre marathon pour atteindre les 25 marathons en 2025 !

 

Quel message aimerais-tu transmettre à ceux qui suivent ton aventure ou qui rêvent de se lancer dans un défi similaire ?

Je pense qu’il ne faut pas hésiter, il faut bien se préparer pour aller jusqu’au bout et pouvoir finir sa course. Il faut aussi prendre un maximum de plaisir. Cela passe bien sûr par une régularité dans les entraînements et une bonne nutrition. Sans carburant, on n’avance pas. Je l’ai appris à mes dépens : lors de mes premières courses, à mes débuts, je négligeais beaucoup cet aspect-là. Au fur et à mesure, j’ai compris qu’il était essentiel de bien s’alimenter afin de ne pas subir son marathon, et de prendre un maximum de plaisir lors de ses sorties et de ses courses.