J-4-Cap-sur-la-SaintéLyon-Corentin-Play-prêt-pour-la-nuit-lyonnaise Tā Energy

Corentin Play au départ de la SaintéLyon


Comment te sens-tu à J-3 de l'événement, physiquement et mentalement ?

Physiquement , je me sens bien. J'ai fait le choix de faire moins , mais de faire mieux . J'ai réduit mon volume d'entraînement, avec seulement trois séances par semaine contre six ou sept habituellement. J'ai vraiment privilégié la qualité plutôt que la quantité, en me concentrant sur de bonnes séances de vitesse, très qualitatives. Du coup, je me sens reposé et plutôt frais à l'approche de ce cours. 

Mentalement , c'est vrai que c'est plus compliqué. Avec Charlotte, les semaines sont assez chargées. Mais comme je me sens bien physiquement, c'est déjà un très bon point.

Pourquoi te retrouves-tu encore cette année au départ de ce parcours mythique de la SaintéLyon ?

Dans un premier temps, c'est une course de cœur : elle se déroule à côté de chez moi, le parcours passe tout près de ma maison et sur mes chemins d'entraînement. C'est d'ailleurs grâce à ce parcours, en arrivant à Saint-Étienne, que j'ai découvert le trail et que j'ai eu envie de m'y mettre.

Et dans un second temps, je veux aller chercher un objectif. L'an passé, j'avais réussi à entrer dans le top 10, malgré un manque d'endurance, d'expérience et un problème aux yeux qui m'avait freiné (ma rétine avait commencé à geler).
Aujourd'hui, avec l'entraînement accumulé et toutes les courses que j'ai réalisées cette saison, c'était une évidence de reprendre un dossard et de viser un podium cette année sur ma course de cœur.


Qu'est-ce qui te plaît le plus dans le trail ?

Dans le trail, ce que j'aime, c'est le côté minimaliste : on est seul avec soi-même, une paire de paniers, nos jambes et nos poumons. Tous les kilomètres qu'on peut parcourir simplement grâce à ça, je trouve ça vraiment fascinant, et ça me plaît énormément.

Et puis, il ya bien sûr toutes les émotions et les moments forts que l'on ressent dans ce sport et dans le sport en général, des moments qu'on vit et qu'on partage avec nos amis, notre famille ou même des inconnus.

J'aime aussi particulièrement courir la nuit. J'ai l'impression qu'on est complètement déconnecté, les heures défilent sans qu'on s'en rende vraiment compte. On est dans sa bulle, on suit juste le faisceau lumineux de sa frontale, et j'adore cette sensation.
Le départ de nuit aux Templiers, par exemple, ou encore la nuit passée dehors sur l'Ultra du Saint-Jacques… j'ai vraiment adoré ! 


Avec une vie familiale très prenante, comment arrive-tu à concilier tes entraînements, ton sommeil et ta récupération ?

Heureusement, mes beaux-parents nous offrent beaucoup avec les enfants. Grâce à eux, je peux aller voir Charlotte plus facilement, mais aussi faire de bonnes nuits de sommeil à côté pour récupérer un maximum.
Et comme j'ai diminué ma charge d'entraînement, mon rythme de vie quotidien est resté supportable par rapport à mes dépenses énergétiques de la semaine.

Après, la question de l’état de forme se pose toujours. Je me sens bien, mais le risque, c'est peut-être de manquer un peu de résistance et de kilomètres dans la partie finale de la course.


Quelles ont été tes évolutions par rapport à l’an dernier ? As-tu gagné en expérience ? Dans quel état d'esprit te trouves-tu cette année ?

L'année dernière était ma première vraie saison de trail. J'avais peu d'expérience : je me connaissais moins bien et j'étais vraiment dans une phase de découverte et d'apprentissage.

Mais avec le nombre de cours réalisés cette saison, je sens que j'ai réellement progressé et pris en expérience.
Par exemple, l'ÉcoTrail de Paris, avec ses 80 km très roulants, va clairement me servir pour la SaintéLyon.
L'Ultra du Saint-Jacques m'a permis d'encaisser 135 km, donc la distance ne me fait plus du tout peur aujourd'hui. Je sais que je suis capable de tenir sur de très longues durées, ce qui est rassurant pour les 80 km de la SaintéLyon.
Les Templiers m'ont aussi confirmé que je suis à l'aise sur des formats de 6 à 7 heures.

Je sens vraiment que j'ai gagné en assurance et en expérience, et ça va forcément m'aider sur ce cours.


Sur le parcours, comment prévois-tu de gérer tes ravitaillements ?

De manière générale, sur la SaintéLyon, ça va relativement vite, je limite mes arrêts à 40 secondes maximum quand c'est possible.

J'ai prévu plusieurs ravitaillements :

  • Un ravitaillement drop-bag à Saint-Christo-en-Jarez 

  • Un ravitaillement « solide » à Sainte-Catherine, avec Candice : je change de flasque, prends des gels, et je change ma frontale. Je m'arrête environ 30 secondes.

  • À Saint-Genoux/Le Camp, je prends juste une flasque d'eau en courant, sans m'arrêter vraiment.

  • À Soucieu-en-Jarrest, avec Candice, je change encore de flasque, je recharge en gels et je change de frontale.

  • Enfin, au dernier ravitaillement à Chaponost, je peux prendre une flasque d'eau si je constate que je n'ai pas assez bu jusque-là.


Cette année, la météo s'annonce compliquée. Y at-il un passage de la SaintéLyon que tu redoutes particulièrement ? Comment te préparer-tu mentalement et physiquement à ce segment ?

C'est vrai que la météo est assez instable. Pour ma part, une météo difficile ne me dérangerait pas tant que ça, car on jouerait davantage sur la résistance mentale et pas seulement sur celui qui a le plus gros moteur. Il y a beaucoup plus de paramètres qui entrent en compte, et je trouve ça plus intéressant.

Après, je n'ai pas vraiment de passage que je redoute. Le début du parcours, assez montant, je le gère plutôt bien. À Sainte-Catherine, on sait que c'est toujours venteux et que c'est généralement la partie la plus froide, donc il ne faudra pas traîner.
Et après Soucieu, il reste encore une vingtaine de kilomètres de goudron qui se courent très vite. C'est donc un parcours très diversifié.

Pour moi, l'essentiel, c'est de bien gérer son effort et de rester concentré tout au long de la course.


As-tu un rituel ou une routine particulière la veille et le jour d'une course importante comme celle-ci ?

Pour moi, l'avantage, c'est que c'est une course à domicile, donc ça va être très confortable. Je vais pouvoir passer la journée à la maison et prendre le départ seulement cinq minutes avant. C'est vraiment un gros plus.

Je n'ai pas vraiment de rituel particulier pour ce cours, d'autant plus que les conditions sont un peu particulières : le matin, j'irai à l'hôpital voir Charlotte, puis je me mettrai un peu plus dans ma bulle l'après-midi pour me concentrer sur les derniers petits ajustements d'avant-cours.
L'objectif sera surtout de bien m'hydrater et de bien manger avant le départ.


Quelle sera ta stratégie nutritionnelle le jour J pour optimiser ton énergie et ton hydratation tout au long du parcours ?

Ma stratégie, ce sera de prendre deux gels par heure , accompagnés d'eau. J'aurai également une flasque d'ISO pour m'accompagner tout au long de la course, surtout dans les parties descendantes où j'ai plus de mal à prendre un gel. Je plafonne à environ 70 g de glucides par heure, ce qui me permet de rester efficace sans avoir de troubles digestifs.

Es-tu suivi par un nutritionniste ou une diététicienne, ou as-tu construit cette stratégie seul grâce à ton expérience ?

Pour ce qui est de mon alimentation au quotidien, c'est principalement basé sur mon expérience. 
Mais pour la partie diététiqueà l'effort, je suis suivi par Ombline, la nutritionniste deTā Energy, qui m'accompagne sur mes plans nutritionnels. 

Cette année, il y aura du beau monde sur la ligne de départ. Comment penses-tu te démarquer ?

Ma stratégie de course, c'est de partir dans le groupe de tête et de laisser les choses se faire naturellement. Tout le monde est à bloc dès le départ, et on se retrouve rapidement à sa place. Sur une course de 6 heures, chacun donne le meilleur de lui-même.

La SaintéLyon est une course très roulante : tout se court, mais il faut rester concentré et vigilant, car certaines portions sont vite casse-pattes.

Il faut aussi être vraiment rigoureux sur les ravitaillements et ne pas perdre de précieuses secondes (voire des minutes) qui peuvent être décisives. C'est souvent là que se jouent les écarts.

Un petit mot pour tes concurrents ?

Je pense qu'il est important de ne pas sous-estimer la SaintéLyon. Ce n'est pas une course avec beaucoup de dénivelé cumulé, et elle a souvent été un peu moquée par les traileurs de montagne. Du coup, on a tendance à la prendre à la légère.

Mais justement : c'est une course qui se fait relativement rapidement, en courant à bloc quasiment tout du long. Elle peut vite devenir casse-pattes et on peut facilement se faire piéger si on part trop confiant.
Donc vraiment pas sous-estimer ce cours. .

Et avec les conditions météo annoncées, qui peuvent être rudes, c'est encore plus important de l'aborder avec prudence !

 

Résultat de la course : 

Corentin termine la SaintéLyon à la 4ᵉ position en 5 h 58 min 37 s . Une excellente performance au vu de sa préparation, nettement réduite ces dernières semaines, et des conditions difficiles de cette édition.

Au-delà du résultat sportif, nous avons la volonté d'accompagner nos athlètes dans la réalisation de leurs objectifs. Pas seulement en leur fournissant une nutrition adaptée, mais aussi en étant présents avec eux, sur le terrain, dans l'effort.

Pour cette SaintéLyon, notre équipe l'a suivi de près : gestion de ses ravitaillements, soutien aux points clés du parcours et présence précieuse aux côtés de sa femme, Candice.

Cette SaintéLyon restera marquée par l'engagement de nos équipes et par la détermination et le courage de Corentin tout au long de la course. Il n'a rien lâché et a donné le meilleur de lui-même pour aller chercher cette 4ᵉ place bien méritée!