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Cap sur Kona après une réussite à Cascais pour Thibault Escaich


Passionné de sport depuis toujours, Thibault Escaich a touché à tout ce que ce soit le rugby, le tennis, la natation ou encore l'athlétisme avant de tomber sous le charme du triathlon pendant le confinement. Cinq ans plus tard, cet athlète complet, franchit un cap en s'attaquant au triathlon longue distance. Membre de l'équipe Tā depuis trois ans, il a brillamment réussi son premier défi sur Ironman à Cascais, une étape clé sur la route de son grand objectif : décrocher sa place pour les championnats du monde à Kona en 2026. Nous avons été à sa rencontre suite à sa qualification.

Comment as-tu vécu cette course du début jusqu'à la fin ?

Avant tout, il faut savoir qu'une semaine avant la course, j'avais invité mes amis à venir sur l'événement avec moi. Leur présence m'a permis de relâcher un peu la pression et d'évacuer le stress des derniers jours. J'ai pu passer du temps avec eux et me changer les idées avant le jour J.

Au moment d'entrer dans le sas de départ natation, je les ai quitté pour me recentrer et me mettre dans ma bulle. C'est à cet instant que j'ai vraiment réalisé que je prenais le départ d'un Ironman. Un moment fort en émotions, porté par la musique, la foule et l'énergie de l'événement.

Je suis parti dans l'une des premières vagues, autour de la 30e position. Mon départ s'est bien passé, jusqu'à ce que des bateaux passent à proximité, créant une houle qui m'a donné la nausée. J'ai dû ralentir un peu le rythme. Je sors de l'eau au bout d'environ 1 heure.

La partie vélo a été un long chemin. J'ai respecté au maximum l'allure que mon autocar m'avait fixé pour ne pas me fatiguer sur les 180 km. C'est vrai que j'ai parfois eu l'impression de ne pas en donner assez et de tomber dans la monotonie, mais si tu veux tenir jusqu'au bout, il faut conserver une allure raisonnable. La portion vélo s'est globalement très bien passée : je me suis alimenté et hydraté correctement. J'ai posé le vélo rapidement et réussi à être efficace sur les transitions pour gagner quelques secondes précieuses.


Ensuite, place à la course à pied, composée de trois boucles de 14 km. Sur la première boucle, je me sentais vraiment bien, à 100%. Mais à partir du 27e kilomètre, gros coup de fatigue : un vrai vide d'énergie. Là, tout s'est joué au mental.

Heureusement, je n'ai eu aucun souci digestif, juste une énorme baisse d'énergie. J'ai alors débranché le cerveau et tout donné jusqu'à la ligne d'arrivée.

As-tu réussi à déterminer la cause de cette baisse d'énergie ?

Pour moi, c'est avant tout un manque d'expérience : c'était mon premier Ironman. Je pense tout de même m'en être vraiment bien sorti. Je n'ai eu aucun souci d'alimentation ni d'hydratation. Le coup de mou était bien présent, mais avec du recul, j'ai seulement 15 minutes d'écart avec mon objectif de départ. Je suis donc super content et fier de ma course ! C'est justement grâce à ce genre d'expérience que je vais pouvoir en tirer des leçons, analyser et comprendre comment mieux me gérer pour éviter ce type de craquage à l'avenir.

Qu'as-tu ressenti au moment de franchir la ligne d'arrivée ?

Je savais que j'étais deuxième de ma catégorie. Mes amis, présents en bord de piste, me tenaient informés de ma position et des chronos du premier et du troisième. Une fois la ligne franchie, je pensais que j'allais pleurer, déborder de joie et d'émotion… mais en réalité, j'étais tellement épuisée que je me sentais vide. La seule chose dont j'avais envie, c'était de retrouver ma famille et mes amies pour fêter ça avec eux. Je boitais jusqu'au buffet pour me ravitailler, puis je les ai rejoint.

J'ai vraiment réalisé la portée de ce cours le lendemain, lors de la remise des prix et de l'annonce des qualifications pour Hawaï. Là, l'émotion a pris le dessus, j'étais rempli de joie, fière, et j'ai pleinement savouré ce moment avec mes proches pour célébrer cette qualification si spéciale pour moi ! 

Durant ta compétition, quelle a été ta stratégie nutritionnelle ?

J'ai tendance à m'alimenter principalement avec des gels. J'en ai pris un avant le départ, un à la sortie de la natation, six pendant le vélo, un à la sortie du vélo et trois pendant la course à pied  donc douze gels au totale. 

As-tu une saveur préférée de gels ?

Si je devais en choisir une, ce serait le nouveau gel saveur pêche-abricot !

Comment as-tu géré ton hydratation sur ce cours ?

Je buvais dès que j'avais soif. À chaque ravitaillement, je prenais un bidon d'eau pour me mouiller et un autre rempli d'électrolytes. Sur moi, j'avais également un bidon d'isotonic  contenant 180 g de glucides, et je buvais régulièrement, dès que j'en ressentais le besoin.

Peux-tu nous faire un petit bilan de ta saison et nous partager ton ressenti à ce sujet ?

J'avoue que c'étais un peu l'incertitude. C'est la première fois que je me consacre à 100% au sport. J'ai fini mes études et je commence vraiment ma carrière sportive avec des sponsors, etc. Donc, j'ai été rempli de doutes : est-ce que j'en serais capable ? Est-ce que j'allais y arriver ou pas ? Mais le fait d'être qualifié et de voir les résultats obtenus après tous mes efforts me conforte dans ma carrière. C'est un point important qui me fait me sentir maintenant plus en phase et que j'appréhende moins.

Pour moi, ça a été la saison idéale, j'ai réalisé 460 heures de vélo, 183 heures de natation et 183 heures de course à pied. Je n'ai pas eu de blessure, je suis vraiment content de ce que j'ai accompli. Tous mes entraînements se sont plutôt bien déroulés.

Je me suis fixé cet objectif de qualification depuis le 1er janvier. Grâce à cette expérience à Cascais , j'ai pu prendre du recul sur certains points d'amélioration à approfondir, et je vais pouvoir me concentrer dessus pour la saison prochaine.

Afin de te préparer au mieux pour Hawaï, qu'aimerais-tu améliorer ou développer pour être au maximum prêt le jour J ?

J'aimerais augmenter un peu le volume en natation pour améliorer ma nage, et augmenter également le volume en course à pied, tout en gardant le même volume à vélo.

De plus, je vais essayer de m'entraîner un maximum sous la chaleur et l'humidité. Mon coach m'a prévenu : si je veux m'acclimater à Hawaï, j'ai intérêt à aimer ma salle de bain, car elle va devenir ma future salle d'entraînement !

Comment fais-tu pour optimiser ta récupération entre chaque entraînement ?

Après chaque grosse séance, je prends une boisson Post Training Tā Energy. Pendant l'entraînement, je veille aussi à bien m'alimenter. D'ailleurs, je tiens à vous remercier pour votre accompagnement nutritionnel, cela m'aide énormément à ne pas puiser dans mes réserves et a clairement un impact positif sur ma récupération, j'en suis convaincu !

J'essaie également de faire régulièrement des siestes pour me reposer et recharger les batteries. Et sur le plan mental, rien de mieux que mon meilleur ami pour me remotiver et m'accompagner au quotidien !

À quoi ressemble une semaine type pour toi ?

Une semaine type se compose de 2 à 3 entraînements par jour sans forcément de jour off. Je nage le lundi, mardi, jeudi et vendredi. Je cours le lundi, mercredi, jeudi, samedi et dimanche. Et je fais du vélo le mardi, mercredi, vendredi et samedi (et j'avoue avoir une petite préférence pour le vélo !) 

Avec un tel rythme de vie, arrive-tu à garder une vie sociale normale à 23 ans ?

C'est vrai que je n'ai pas le même rythme. Quand je sors et que mes amis font la fête tard, je rentre plus tôt, mais au final, ce n'est pas quelque chose qui me dérange. Pour moi, être athlète est avant tout un plaisir. J'arrive quand même à partager de superbes moments en parallèle de tous mes entraînements et je prends tellement de plaisir à faire ce que je fais aujourd'hui que, pour moi, ça se fait naturellement.

Quelle leçon retiens-tu de ton Ironman ?

Pour moi, il ne faut jamais sous-estimer l'Ironman. Peu importe ce qu'on se dit, l'expérience et la condition physique sont implacables. On peut se sentir au top toute la course et flancher à 3 km de l'arrivée.

C'est une longue journée où l'on est face à soi-même, donnant tout pour finir. Parfois, tout roule, d'autres fois, sans raison apparente, le corps lâche.

L'Ironman est un vrai défi où l'on repousse ses limites. Il faut respecter sa difficulté et ne jamais le considérer comme acquis, car on ne sait jamais ce qui peut arriver.

Il faut apprendre à se gérer, s'écouter, et parfois couper le mental pour franchir les derniers kilomètres, les plus durs.

Cette épreuve m'a aussi enseigné la discipline, la régularité dans l'entraînement, la persévérance, et l'importance de toujours garder son objectif en tête.

Et enfin, si tu pouvais donner un conseil à quelqu'un qui souhaiterait réaliser un Ironman, que lui dirais-tu ?

Pour moi, l'important, c'est avant tout la régularité, la discipline et la patience dans tous tes entraînements. Il faut aussi bien connaître chaque distance, en ayant déjà réalisé l'ensemble des formats de triathlon, du plus court au plus long.

Et surtout, n'écoute pas trop les réseaux sociaux ni ce que les autres te disent. Écoute avant tout ton ressenti et ton point de vue personnel.
Si je devais conclure par une phrase qui m'a marqué pendant cet Ironman, ce serait celle-ci : « Quand ça ne va pas, dis-toi que ça ne va pas durer. Et quand ça va, dis-toi que ça ne va pas durer non plus. »